dimanche 23 mars 2008

Credit Suisse sera en pertes au premier trimestre

La banque suisse a annoncé qu'elle serait probablement en pertes au premier trimestre « en raison des conditions difficiles du marché » pendant le mois de mars. Elle va passer 2,86 milliards de francs de dépréciations, à la fois sur 2007 et 2008. La banque a jusqu'à présent procédé à près de 5 milliards de francs suisses de dépréciations.


Credit Suisse est à son tour pris dans la tourmente. Le numéro deux suisse a annoncé hier qu'il serait probablement en pertes au premier trimestre, pour la première fois depuis cinq ans, du fait de la dégradation du marché en mars. La banque a en outre fait savoir hier qu'elle avait achevé ses travaux d'audit interne, annoncés il y a un mois, « en rapport avec la réévaluation de certaines positions garanties en titres par des actifs dans ses affaires de trading de CDO ». Les dépréciations s'élèvent finalement à 2,86 milliards de francs suisses, soit 200 millions de francs de moins que prévu, dont 1,68 milliard avant impôts passeront au premier trimestre 2008, le solde portant sur le quatrième trimestre 2007. Ces estimations ramènent à 7,76 milliards de francs le bénéfice net de 2007, contre les 8,5 milliards annoncés début février.

« Irrégularités intentionnelles »
Surtout, la banque réaffirme que ces ajustements de valeurs proviennent notamment d'« erreurs » dans la fixation des prix de ces actifs, résultant en partie « d'irrégularités intentionnelles d'un petit nombre de traders ». Lesquels ont été remerciés et vont faire l'objet d'une procédure disciplinaire. Les traders sont censés valoriser leur portefeuille à la valeur de marché chaque jour, a expliqué la banque hier. Brady Dougan, le directeur général de la banque, a expliqué que les procédures de contrôle avaient failli, mais que le scandale, impliquant des dérivés de crédit, n'avait pas affecté d'autres activités de trading. « Cet incident est inacceptable, a-t-il tenté de justifier hier. Nous prenons toutes les mesure nécessaires pour y remédier et continuer à avancer. »

Le titre de la banque a terminé en baisse de 6,37 % hier, après avoir chuté de 11 % dans la journée, à 46,10 francs suisses, un plus bas depuis 2002. « Cela entame à nouveau la réputation que la banque a mis tant d'années à reconstruire, estime Peter Thorne, analyste chez Hevea, dans une note publiée hier. Bien que nous pensons que la banque a moins d'actifs suspects qu'UBS, notre confiance a diminué considérablement du fait de ces annonces. » Le plus atteint par l'annonce est sans conteste le directeur général Brady Dougan, nommé en mai, et porté aux nues il y a encore quelques semaines pour avoir évité à sa banque les difficultés rencontrées par UBS. « C'est très décevant, juge Dirk Sebrechts, gérant chez KBC cité par Bloomberg. En plus des dépréciations, les résultats baissent et vont continuer à baisser. » Les investisseurs s'attendent désormais à de nouvelles dépréciations, Brady Dougan ayant pointé les difficiles conditions de marché du mois de mars. « Nous intervenons dans des marchés extrêmes volatils, a-t-il expliqué. La tension sur le secteur est évidente. » La banque a jusqu'à présent procédé à près de 5 milliards de francs suisses de dépréciations, contre plus de 18 milliards de dollars pour sa rivale UBS. Fin février, elle avait encore 15,7 milliards de francs de CDO, partiellement dépréciés hier, et 13,3 milliards de couvertures.

jeudi 13 mars 2008

Carlyle va liquider son fonds pris dans la tempête du subprime

Le fonds Carlyle Capital Corporation (CCC) avait reçu ces derniers jours des appels de marge dépassant 400 millions de dollars, qu'il n'a pu honorer. Et aucun accord n'a pu être trouvé avec ses créanciers. Les places financières accusent le coup.

Le fonds Carlyle Capital Corporation (CCC), pris dans l'ouragan du "subprime", a annoncé jeudi être dans l'incapacité de trouver un accord avec ses créanciers et que ceux-ci allaient prendre possession de tous ses actifs restants, après un défaut sur près de 17 milliards de dollars de dette.
Les places financières accusaient le coup jeudi après l'annonce, Paris perdant par exemple plus de 2% vers 10H.
"Le groupe n'a pas été en mesure de trouver un accord qui soit dans l'intérêt mutuel pour stabiliser sa situation financière", a souligné Carlyle Capital Corporation dans un communiqué. "Le groupe s'attend à ce que ses créanciers prennent rapidement possession de la quasi-totalité des actifs restants du groupe", indique-t-on de même source. CCC précise que les seuls actifs qu'il a encore aujourd'hui sous contrôle sont des titres adossés à des prêts immobiliers RMBS ("residential mortgage-backed securities").
CCC précise avoir reçu sur les sept derniers jours ouvrables des appels de marge dépassant 400 millions de dollars qu'il n'a pu honorer. "Au total, le groupe a fait défaut sur environ 16,6 milliards de dollars de dettes", précise le communiqué, ajoutant qu'il devrait également rapidement faire défaut sur le reste de ses actifs. Les difficultés de CCC ont été déclenchées par le mécanisme dit des appels de marge. Ce mécanisme oblige un établissement à apporter la preuve qu'il possède un certain niveau réglementaire de liquidités correspondant à une partie de la valeur des titres ou des positions qu'il détient sur un marché donné. Cela lui permet d'apporter la preuve de sa capacité à honorer ses engagements.
"Le groupe a étudié plusieurs propositions avec ses créanciers pour tenter de refinancer son portefeuille de manière durable. Carlyle Group a participé activement à ces négociations et était prêt à apporter un montant substantiel de capital supplémentaire si une solution de refinancement satisfaisante pouvait être trouvée", indique le communiqué de CCC. "Mais le groupe a constaté que les bases sur lesquelles les créanciers étaient prêts à apporter des nouveaux financements sur la base des collatéraux proposés par le groupe avaient changées à tel point qu'un refinancement était impossible", ajoute-t--on de même source.
Carlyle Group avait affirmé mercredi que les difficultés de CCC n'auraient "pas d'impact mesurable" sur sa situation financière. Carlyle Group avait précisé que certains partenaires détenaient environ 15% du capital de CCC mais à titre personnel et que les deux sociétés sont des entités séparées et que Carlyle n'est lié à CCC que par un contrat de conseil en investissement.
La cotation de CCC à la Bourse d'Amsterdam avait été suspendue vendredi avant de reprendre brièvement mardi puis d'être suspendue à nouveau face à l'afflux des ordres de vente. CCC est lié au fonds d'investissement Carlyle Group, l'un des plus connus aux Etats-Unis et auxquels sont associés à titre de conseillers des anciens dirigeants politiques comme l'ex-président George Bush.
Carlyle est loin d'être le seul acteur du capital-investissement à être pris dans la crise du "subprime". Kohlberg Kravis Roberts & Co a dû recapitaliser en février son fonds de crédit KKR Financial Holdings, qui, dégradé par les agences de notation, renégocie ses financements. La semaine dernière, le " hedge-fund " Peloton Partners a liquidé un véhicule d'ABS de 1,8 milliard de dollars, sous la pression des appels de marges. Le britannique Intermediate Capital Group a monté dans l'urgence le sauvetage, à hauteur de 450 millions d'euros, d'un pool de crédits LBO totalisant 1,14 milliard d'euros, afin d'éviter ce genre de ventes forcées. Des exemples appelés à se multiplier au fur et à mesure que les banques vont couper les vannes du crédit à ce type de structures

dimanche 2 mars 2008

Le ralentissement du crédit conso se confirme

La production de crédit à la consommation n'a progressé que de 3,6 % l'an dernier sur le marché français, d'après les chiffres de l'Association des sociétés financières. En plein développement, Cetelem a vu son résultat avant impôt reculer de 2 % en raison de ses investissements dans les pays émergents et de la montée du coût du risque en Espagne.

La croissance de 9 % enregistrée en 2005 ne semble plus qu'un bon souvenir. En dépit d'un rebond au second semestre (4,7 %), la production de crédit à la consommation n'a progressé en effet que de 3,6 % l'an dernier sur le marché français, d'après les chiffres de l'Association des sociétés financières. Le total des prêts aux particuliers s'est établi à 44,74 milliards d'euros pour les seuls établissements spécialisés, généralement filiales de banques (Cetelem, Sofinco, Finaref, etc.), ce qui ne comprend pas la production réalisée par les réseaux bancaires en direct.

Ce ralentissement incombe pour une bonne part à la morosité persistante du marché automobile au premier semestre 2007 : les crédits affectés ont ainsi reculé de 1,3 % l'an dernier, à 11,4 milliards :" Si les financements automobiles sont en repli (de - 5,5 %, à 3,6 milliards d'euros, dans le secteur du neuf et de - 4,3 %, à 3,3 milliards, pour l'occasion), les financements de biens d'équipement du foyer progressent en revanche de 3,9 %, à 3,6 milliards d'euros ", souligne l'ASF.

Cetelem : bon millésime

La morosité se confirme également du côté des crédits renouvelables : après un coup d'arrêt à leur croissance en 2006, ce type de prêt est resté stable l'an dernier à 17,3 milliards d'euros. Il représente 39 % du total mais cette part n'a cessé de se racornir ces dernières années au profit des prêts personnels (prêts amortissables non affectés) qui, pour la troisième année consécutive, enregistrent une croissance à deux chiffres : + 11 % en 2007, à 12,9 milliards d'euros. Mais une bonne partie de cette croissance est constituée en fait par les rachats de créances.

Pour Cetelem, filiale de BNP Paribas et leader européen du crédit conso, 2007 s'est révélé encore un très bon millésime en termes d'activité : ses encours de crédit ont globalement progressé de 17,4 %, à 62,6 milliards d'euros, tirés par Laser Cofinoga (+ 12 %, à 9 milliards d'euros), l'international (+ 20 %, à 27 milliards d'euros) et par les partenariats et les encours de la maison mère (+ 41,5 %, à 9 milliards d'euros).

Son produit net bancaire a pu ainsi progresser de 12,5 % en 2007, à 3 milliards d'euros, mais son bénéfice avant impôt a reculé de 2 %, à 719 millions d'euros. Cela s'explique par les investissements réalisés dans les pays émergents (Russie, Brésil, Bulgarie, etc.) et la montée du coût du risque (180 millions d'euros de plus l'an dernier) en Espagne.