vendredi 16 janvier 2009

La Banque de France limite à 0,7% sa prévision de croissance en 2008

Signe de la brutalité du ralentissement, la banque centrale française table désormais sur une prévision de contraction du PIB de 1,1% au 4e trimestre. Le mois dernier, elle prévoyait encore une baisse de "seulement" 0,7%.
La détérioration est brutale et spectaculaire. La Banque de France a révisé pour la deuxième fois en deux mois sa prévision de contraction du produit intérieur brut (PIB) de la France au quatrième trimestre.

Elle table désormais sur une baisse de -1,1% _du jamais vu depuis 30 ans_ contre -0,7% prévu en décembre et -0,5% en novembre, selon son enquête mensuelle de conjoncture de janvier. En conséquence, la prévision de croissance du PIB en moyenne sur l'année a été revue à la baisse de 0,1 point à +0,7%, ce qui représente une forte décélération par rapport aux +2,1% de 2007.

La surprise n'est pas totale. Il y a quelques jours, l'Insee faisait état d'une aggravation de la situation de l'économie en novembre avec un recul de l'industrie manufacturière, jugeant qu'il en découlait "un risque élevé que la baisse du PIB au quatrième trimestre soit plus forte" que celle prévue en décembre (-0,8 %). Plusieurs économistes et analystes ne cachaient pas que la baisse pourrait atteindre 1,2 %, Morgan Stanley n'excluant pas -1,5 %.

La banque centrale française a parallèlement fait état d'une nouvelle baisse du climat des affaires en décembre dans l'industrie. Son indicateur a reculé à 66 après 68 (chiffre confirmé) en novembre. Selon les chefs d'entreprise interrogés par ses services, le recul de l'activité industrielle s'est dans l'ensemble accentué en décembre, plus particulièrement dans les secteurs de l'automobile et des biens intermédiaires. "Le taux d'utilisation des capacités de production a poursuivi son repli pour s'établir à un niveau très inférieur à sa moyenne de longue période" ajoute la Banque.

Plus inquiétant : le courant de commandes nouvelles s'est de nouveau contracté, sur le marché intérieur comme sur les marchés étrangers. Les carnets de commandes se situent toujours à un niveau jugé sensiblement inférieur à la normale. Les stocks de produits finis, qui se sont un peu allégés, apparaissent néanmoins toujours supérieurs au niveau souhaité.

Ce qui fait que le rebondissement ne semble pas encore à venir : "les prévisions des chefs d'entreprise restent orientées, dans l'ensemble, dans le sens d'une poursuite de la baisse de l'activité dans les prochains mois," souligne la Banque de France.

Toute la question est de savoir quelle forme prendra l'évolution de la conjoncture dans les mois à venir : en "V" (chute brutale avec remontée immédiate et rapide), en "U" (chute brutale avec stagnation, avant une remontée rapide) ou en "L"(chute brutale avec longue stagnation).

Dans une interview le 10 décembre au Figaro, le gouverneur de la Banque, Christian Noyer, voulait croire à un scénario positif : "Nous pouvons envisager une légère reprise de l'économie au second semestre car plusieurs facteurs jouent favorablement : la très forte désinflation redonnera du pouvoir d'achat ; la politique monétaire soutient les prêts et l'investissement et les plans de relance soutiennent l'activité".

Reste à savoir si la rechute des marchés boursiers et l'annonce de nouvelles perte des banques va aboutir au prolongement du blocage du marché du crédit. Et donc handicaper fortement toute perspective de reprise.

En Allemagne, l'Office fédéral des statistiques a estimé cette semaine que le PIB avait subi une contraction comprise entre 1,5% et 2,0% au quatrième trimestre, soit la plus mauvaise performance depuis 1990. Ce qui fait dire à Jean-Michel Six, économiste en chef pour l'Europe chez Standard & Poor's que la situation de "l'économie française est relativement moins touchée que l'économie allemande".