vendredi 25 janvier 2008

SOCIETE GENERALE EN CRISE

Le Premier ministre a chargé la ministre des Finances de lui donner "toutes les indications sur la manière dont les choses se sont passées". Les patrons de la Banque de France et de l'Autorité des marchés financiers, ainsi qu'un représentant de la Fédération bancaire française, seront auditionnés au Sénat mercredi de 15h à 17h.

En savoir plus. Après avoir voulu rassurer hier, en affirmant qu'il n'y avait pas d'inquiétude à avoir sur la solidité de Société Générale malgré la fraude massive à laquelle il est confronté, François Fillon veut aujourd'hui aller plus loin. A l'occasion d'une visite à Luxembourg, le Premier ministre a annoncé qu'il avait "demandé à la ministre des Finances de [lui] donner sous huit jours toutes les indications sur la manière dont les choses se sont passées, de manière à ce qu'on puisse, le cas échéant, proposer des solutions".

Comme beaucoup, François Fillon a montré son étonnement devant l'ampleur de l'événement. "C'est vrai qu'il est difficile pour chacun d'entre nous de comprendre comment une personne seule peut, dans un délai relativement court, occasionner des pertes aussi considérables dans un établissement bancaire par ailleurs sérieux et solide", a-t-il déclaré, avant d'affirmer "il va falloir expliquer comment [la fraude] a pu se produire, de façon à mettre en place les dispositifs permettant d'éviter" que cela se reproduise. Hier déjà, Christine Lagarde avait demandé à la Commission bancaire, l'organe de contrôle des établissements de crédit en France, des "contrôles additionnelles" sur ces derniers.

Par ailleurs, François Fillon a indiqué que "peut-être le gouvernement aurait-il pu être prévenu plus tôt". Le Premier ministre a néanmoins concédé qu'en tant que "banque privée", Société Générale n'avait "pas d'obligation" à communiquer avec l'exécutif.
Audition au Sénat mercredi de 15h à 17h

Comme le gouvernement, les parlementaires veulent en savoir plus. Les sénateurs ont, en la matière, réagi plus vite que les députés. La commission des Finances du Sénat va auditionner dès mercredi prochain de 15h à 17h des représentants des autorités bancaires françaises. Trois personnes sont ainsi convoquées, et pas des moindres : Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France - et, à ce titre, président de la Commission bancaire -, Michel Prada, le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), ainsi qu'un représentant de la Fédération bancaire française (FBF). L'ensemble des sénateurs et la presse pourront venir les écouter.

François Sauvadet va dans le même sens que Jean Arthuis. Le président du Groupe Nouveau centre (NC) à l'Assemblée nationale réclame la constitution d'une commission d'enquête, qui "devra vérifier dans quelles conditions Société Générale (...) a pu laisser un 'individu isolé', comme le désigne Daniel Bouton dans sa lettre aux actionnaires, avoir des positions de l'ordre de 50 milliards d'euros qui ont entraîné une perte effective de 5 milliards d'euros". "Comment un simple trader a pu déjouer tous les systèmes de sécurité mis en place par la banque en interne et prendre des positions aussi dangereuses et contraires aux règles de sécurité édictées par la banque d'elle-même ?", s'est-il interrogé. François Sauvadet souhaite que soit vérifié notamment le fait que le désastre financier "ne masque pas des positions inconsidérées prises par la banque depuis le début de la crise des 'subprimes'".

Pour sa part, le député UMP Frédéric Lefebvre va demander au président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale d'auditionner Daniel Bouton et Christian Noyer. Ces auditions devraient permettre d'avoir "des éléments sur ce qui a dysfonctionné sur les systèmes de contrôle [de la banque] et de faire des propositions pour améliorer ces système". Le député va préparer un texte destiné à "créer une étanchéité totale entre les systèmes de contrôle des marchés dans les banques et les courtiers".
Conseil d'administration et CCE extraordinaire de Société Générale mercredi

Comme les politiques, les syndicats de Société Générale veulent en savoir plus. Selon eux, un conseil d'administration de la banque va se tenir mercredi prochain.

En outre, lors d'une réunion intersyndicale qui s'est tenue ce vendredi, les syndicats ont décidé de demander qu'après ce conseil, se tienne un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire. Celui-ci pourrait se dérouler en fin de semaine prochaine ou début de semaine suivante, a indiqué la CFDT. Les syndicats veulent que soient à ce CCE Daniel Bouton, Philippe Citerne et Jean-Pierre Mustier, respectivement PDG, directeur général délégué et patron de la banque de financement et d'investissement de Société Générale.
Centralisation des plaintes au parquet de Paris

Par ailleurs, le parquet de Paris a annoncé qu'il allait désormais centraliser les plaintes. Il avait demandé à son homologue de Nanterre de se dessaisir à son profit au titre de sa compétence de juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) et compte tenu de la localisation à Paris du siège social de Société Générale.

Hier dans la matinée, une première plainte a été déposée par un actionnaire individuel auprès du parquet de Paris pour "escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, complicité et recel". L'enquête préliminaire a été confiée à la brigade financière. En milieu d'après-midi, c'était au tour du groupe dirigé par Daniel Bouton de déposer plainte, au parquet de Nanterre cette fois-ci, pour "faux et usage de faux" et "atteinte au système de traitement automatisé des données". Enfin, l'Association des petits porteurs d'actifs (Appac) - qui représente quelque 150 actionnaires - a déposé plainte à Paris pour "diffusion de fausses informations ou trompeuses ayant agi sur le cours de Bourse des titres". Vendredi à la mi-journée, cette plainte n'avait toujours pas été enregistrée.

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